marie-michèle lucas artiste plasticienne art contemporain

L’exposition « Elle va monter jusqu’à quand … la mer »
De la nature escale#1

 

L’exposition « De la nature escale#1 » a eu lieu à Brest, Maison de la Fontaine du 22 mars au 4 juin 2022. C’est une exposition collective dont le moteur est l’association Espace d’apparence www.espacedapparence.fr sous le commissariat de Badïa Laroucci. Cette exposition faisait suite à un travail de recherche long de presque une année avec différents interlocuteurs sur la question que nous avons nommée « De la nature ». C’est d’ailleurs le titre général de l’exposition.

C’est dans ce cadre que j’ai développé le projet « Elle va monter jusqu’à quand … la mer ».

La réflexion sur ce projet a débuté avec des réunions avec la petite équipe de Espace d’apparence et des rencontres lors desquelles se sont joints botanistes, philosophe, phytosociologues, géologues… Cela s’est poursuivi pour chaque artiste invité par une résidence de création à l’atelier de la Pointe, près du jardin des explorateurs à Brest. J’y ai séjourné au mois d’août 2021 et cela m’a permis de posé plusieurs points forts pour la construction future de « Elle va monter jusqu’à quand… la mer ».

Au cours de ce temps de l’été 2021, en flânant dans quelques ouvrages, j’ai notamment découvert le schéma de Humboldt (cf blog oasis de pensées lucides) qui m’a servi comme hypothèse d’études des interactions et interdépendances des êtres vivants et de leurs milieux. Je m’en suis aussi servi comme base de composition pour le futur dessin de « Elle va monter jusqu’à quand… la mer », une coupe de relief avec des indications schématiques.

Depuis déjà quelques temps, j’avais en tête cette découverte d’un foyer de présence humaine il y a 14 000 ans sous le rocher de l’impératrice à Plougastel, c’est un lieu splendide pour observer la rade de Brest. Cet été-là, j’y suis retournée avec cette question de ce que voyais nos ancêtres de la préhistoire du haut de ce rocher, la mer était-elle déjà là ? Non, la mer n’était pas encore là et la rade de Brest n’était pas formée ! Ce sont les géologues et les archéologues qui ont répondu à ma question, mais alors que voyait-on ?

Le désir de questionner plastiquement le papier sur ses capacités à devenir sculpture, la question du corps du spectateur qui reçoit des dessins insérés dans un tout comme l’expérience en haut du rocher de l’Impératrice qui mêle géographie, géologie et préhistoire.

Lors d’un autre temps de résidence en janvier au Cercle Naval à Brest, j’ai recherché comment travailler ma composition, comment travailler sur un papier très fin afin de rendre une certaine transparence, comment appréhender le recto-verso sans nuire au propos, comment découper les tranches historiques, comment observer depuis aujourd’hui ce monde ancien et surtout enfin comment envisager l’évolution du paysage de la rade depuis ce temps ancien d’occupation sous le rocher de l’Impératrice, avec sans doute peu à peu en toile de fond de mes questionnements, comment l’ère anthropocène a influencé ce que l’on voit de la rade aujourd’hui.

 

Présentation en diaporama de l’évolution de la pensée artistique sur l’exposition « Elle va monter jusqu’à quand … la mer » de l’été 2021 

Diaporama format pdf : diaporama Evolution-de-la-pensée-artistique

La réalisation s’est ainsi peu à pu définie : dessin sur 7 feuillets de papier fin sur le recto verso, qui seront ensuite assemblés en feuilleté avec des poutres dites sécheuses, chaque feuillet racontant un temps historique de la rade de Brest, chaque période choisie sera associée à un endroit de bord de rade significatif d’une période historique. La composition de chaque feuillet s’appuie sur le schéma de Humboldt, avec une division de coupe, sur le recto : la rade (fond de la rade et berges) côté Nord et sur le verso, autre versant du fond de la rade et berges Sud, presqu’île de Crozon.

Avançant ainsi pas à pas, reprenant des repères d’une période sur une autre, le dessin a progressé, c’était un temps de travail rigoureux, de collectages, d’interrogations, d’inventions malgré tout. Au bout du compte, j’ai été surprise de découvrir le fort impact de l’anthropocène à des endroits où je ne l’attendais pas notamment la différence entre le 20è et le 21ème siècle où l’impact de l’homme sur les rivages qui jouxtent la rade continue de façon exponentielle.

 

son Nicholas Naudinot extraits – description paysage 14000 ans

 

 

son Sylvie Magnanon extraits – description carte Humbold

Nicolas Naudinot est maître de conférence à l’université de Nice Sophia-Antipolis, chercheur en archéologie de l’UMR CEPAM du CNRS, il est en charge du projet de recherche sur le site archéologique du Rocher de l’Impératrice à Plougastel.

L’extrait ci-dessous a été enregistré lors d’un entretien qu’il m’a accordé en décembre 2018. Ici il réagit à la question du paysage vu par les hommes préhistoriques depuis le rocher de l’impératrice il y a 14 000 ans.

Sylvie Magnanon directrice scientifique des actions régionales et inter-régionales du Conservatoire botanique national de Brest.

L’extrait ci-dessous a été enregistré lors d’un entretien en janvier 2022 que Sylvie Magnanon m’a accordé autour des recherches effectuées autour de notre réflexion « De la nature« . Ici elle commente le schéma Géographie des plantes équinoxiales ou Tableau Physique des Andes et Pays Voisins, d’après des observations et des mesures prises sur les lieux depuis le 10ème degré de la latitude boréale jusqu’au 10ème de la latitude australe entre 1799, 1800, 1801, 1802 et 1803 par Alexander De Humboldt et Aimé Bonpland .



Diaporama de l’exposition « Elle va monter jusqu’à quand… la mer » 

                                                                     

L’exposition « Elle va monter jusqu’à quand…la mer » est composée de 2 pièces qui doivent être en connexion : un ensemble de 7 dessins d’assez grand format installés en feuilleté et une série de 7 photographies de format 30×40 accompagnées de capsules sonores.

Les 7 dessins-coupes schématiques de « la rade de Brest »

Description technique : 7 feuilles de papier léger, dessinées sur le recto et le verso. Chaque feuille mesure environ 1,80/1,90m de largeur et 2,10 à 2,20m de hauteur. Les 7 feuilles sont portées par 2 poutres dites poutres sécheuses (le terme fait référence à leur usage d’origine de faire sécher du papier imprimé) mesurant chacune 2m.

Le tout forme un volume de 2 x 2,20 x 1,8 m.

Les rendez-vous rade

Chaque photo est le témoignage d’une rencontre dans un lieu autour de la rade, elle correspond à un feuillet du grand dessin et évoque donc une période historique

Les rencontres ont eu lieu chaque 21 du mois à partir du 21 décembre 2021, solstice d’hiver, le RV avait alors été donné au Rocher de l’Impératrice. Chaque photo de « RV rade » est accompagnée d’une capsule sonore en lien avec les observations faites dans le lieu de rencontre proposé. Le contenu des capsules sonores est simple, par exemple la liste des plantes installées dans le jardin des explorateurs correspondant donc au feuillet dit folio 4, 17-18ème siècle avec le début des voyages au long cours.

 

Son RV Rade 2  Jardin des explorateurs , Brest   :  liste Fleurs lue par Elie Fievre

 

Son RV Rade 1 Rocher de l’impératrice Plougastel, description du paysage 

 

Le Livret  des Voyageureuses  exposition Espace d’apparence 

 

Crédits photos Gilbert Caroff, professeur de dessin à l’EESAB Ecole d’Art à Brest

crédit auteur : M.M. Lucas
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