marie-michele lucas - artiste platiscienne - art contemporain - brest



 2010-09-24 

Les commentaires
Blablas autour d'actualités ou d'expositions

    Faire cabane
début du texte 10 août 2010
fin 21 septembre 2010 jour de l'automne

C'était en septembre de l'an dernier. Je revenais de voyage, j'avais un peu de temps, la rentrée approchait et une aventurede création chorégraphique dans un village du Nord Finistère me paraissait ... pleine de goût pour humer le rivage que l'hiver me ferait déserter.
L'année précédente j'étais venue en spectatrice, arrivée juste un peu trop tard pour voir les femmes de Guissény se livrer aux flots à l'instigation de Julie Nioche (danseuse et chorégraphe).
Anne Collod est chorégraphe et danseuse; dans la présentation elle nous a parlé de sa recheche autour de l'écriture de la danse (sur la base des travaux de Laban). Je découvre aujourd'hui en fouillant que R. Laban réfléchissait sur les lieux où danser et faisait pratiquer des ateliers d'improvisation. Furetant encore sur la toile, je découvre qu'Anne Collod a monté deux pièces d'Anna Halprin (danseuse américaine active depuis les années 60) en 2008 lors du festival d'automne à Paris. Sur les images de ce spectacle je retrouve son intérêt pour les matériaux, j'y lis aussi le rapport très américain à l'improvisation, la simplicité (l'absence d'emphase) de la présentation et l'influence de codes gestuels que le hasard peut-être, à l'instar de M. Cunningham, aurait agencé.
Nous nous sommes donc retrouvés ce samedi de septembre 2009 puis tous les soirs de la semaine et encore le samedi pour travailler et donner une pièce chorégraphique d'Anne Collod, Faire cabane.
Echauffement (sur des techniques proches du taïchi ou du chi cong) puis élaboration des séquences avec des ateliers d'improvisation sur la plage et dans le marais, discussion et lecture de l'histoire de l'utopie communautaire vécue dans le marais derrière la digue de Guissény. Une dizaine de femmes, un seul homme et Zoé notre ado adorable. Anne Collod nous avait concocté une histoire qui nous donna à réfléchir sur l'idée de faire cabane. Comment être nomade avec les cabanes qui muent. Comment les individus des groupes s'accordent, s'agrippent, se éparent, se disputent et comment l'isolement commence et termine l'utopie. Nous avons fabriqué des cabanes ensemble puis en plus petits groupes, nous nous sommes investis dans des disputes mémorables en travaillant des invectives dignes du capitaine Hadock. La fin nous a remis chacun dans notre terrier solitaire, laissant là, sur la plage découverte et sur les herbes du marais les espoirs de vivre ensemble.

Faire cabane a été donné deux fois, une fois dans le marais une autre fois sur la plage. Ce fut grand bonheur, de courir sur le sable, de marcher au rythme demandé par la chorégraphie, de se baisser, se relever et même de psalmodier ensemble dans une ronde serrée.
Il y avait dans ce rapport simple à la danse et à la monstration quelque chose du rite -non pas religieux mais dans son sens très ancien ainsi que le définit Anna Halprin- d'une danse associée à la vie d'un groupe, dans un lieu donné.
Si les spectateurs (une petite centaine) ont apprécié ce temps de chorégraphie, j'ai pris sur le sable et dans les hautes herbes quelques pépites de force, de rire et de souplesse pour l'hiver à venir.

8 septembre 2010
La douce énergie de Faire cabane entre algues et roseaux a remis mes pas à nouveau sur la route de Guissény.
Et là, je rentre d'une journée avec Virginie Thomas et Yasmine Youcef, artistes chorégraphes. C'était une exploration du paysage sonore de Guissény. Les artistes avaient préparé un coktail de sensations version son pour nous, version couleur pour l'autre binôme. Je fonctionnais avec A. l'autochtone, j'étais T. la touriste. J'ai rencontré, croisé, suivi A. Tout le long du jour, nous avons découvert des lieux étranges dans Guissény (un espace de sable encagé pour jouer aux boules, un centre nautique hors service avec un club nature efficace, une caravane dans le hangar de la station ouverte, une tourelle toute en pierre dans un ancien café...). Nous avons écouté ensemble ou en décalé des textes de Duras et de Cage sur le bruit ou le silence. J'ai lu dans la caravane dans le hangar un texte de Peter Handke sur la place des être humains dans un paysage de prairies et de bosquets, j'ai colorié les muscles de la mastication en mangeant, orage et pluie au dehors. A la fin de la journée nous nous sommes reposés dans une tente au camping du Vougot et nous sommes rentrés en voiture dans le tempo exact d'une musique au piano de John Cage.
Nous avons ensuite chacun raconté notre journée sur un magnétophone.
Cette journée a produit un charivari de sens: des sons, des odeurs, des sensations sur la peau.
Yasmine Youcef et Virginie Thomas parlent du goût de la lenteur, des petites formes artistiques qui s'approchent des gens au plus près.

14 septembre 2010
Samedi, c'était la restitution à La Tourelle, ancien café avec un escalier en pierre, ambiance chaleureuse, les spectateurs arrivent, ils s'asseoient. Nous avons un MP3 sur les oreilles et une partition à suivre. Nous reproduisons ce que nous entendons dans les écouteurs. Il s'agit du récit de la personne avec qui nous avons voyagé il y a trois jours. Le tout donne (à ce qu'il me semble puisque je suis conteuse) un enchevêtrement de mots dont les uns et les autres glissent ensemble ou se chevauchent en écho, se heurtent ou se frottent au gré des rythmes singuliers, des sensations différentes, le tout fabriquant un ou des voyages pour les auditeurs


J'aime ces approches non spectaculaires.
J'aime que ce village résiste au spectaculaire.
Tissage et tricotage, les yeux et les oreilles ouverts sur endroits splendides avec les gens d'ici.
L'histoire du village dite, chantée, ré-écrite, révélée par les arpenteurs d'ailleurs.
Le rivage, objet pourtant de mes fréquentations habituelles prend une attention autre.
L'idée de vivre ensemble même autour des utopies perdues (comme avec Anne Collod) permet pour un temps de chauffer les âmes et les corps.
Plus profondément je crois à ces petites formes pleines d'attention qui tricotent un bout d'utopie.

http://residencesadomicile.blogspot.com





  


    





  


    





  


    





  


    





  


    





  


    





  


    





  


    





  


    





  


    





  


    





  


    





  


    





  


    





  


    





  


    





  


    





  


    





  


    





  


    





  


    





  


    





  


    





  


    





  


    





  


    





  


    





  


    





  


    





  


    





  


    





  


    





  


    





  


    







 
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